Témoignages
Ces jeunes ont décidé d’être eux-mêmes acteurs de leur développement en s’engageant dans des études scientifiques
Comme la majorité des doctorants au Cameroun, ces jeunes ne disposent pas de subventions pour leurs thèses. Ils doivent en général cumuler plusieurs petits emplois ou contracter des prêts lourds pour réaliser leurs travaux de recherche. De ce fait, les thèses durent en moyenne 7 à 8 ans pour les plus téméraires ; les autres abandonnent faute de moyens financiers.
Mole Embono Onesime
Etudiant
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Je m’appelle Mole Embono Onesime, j’ai 31 ans.
Après une licence en mathématiques et informatiques, j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur de conception en génie mécanique. J’ai décidé de compléter mon cursus par une thèse. Je suis donc étudiant en thèse à l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé.
Mon choix s’est porté sur l’ENSPY, parce qu’elle est l'est une des références en matière de formation des ingénieurs au Cameroun et son école doctorale est réputée dans tout le pays.
Son laboratoire « Engineering civil and Mechanics » dont je suis étudiant chercheur dispose d'une équipe de formateurs dynamiques, aux idées novatrices pour la recherche. Ce laboratoire participe à l'éclosion de la recherche qui est l'un des indicateurs de développement pour un pays comme le Cameroun.
Mon sujet de thèse s’intitule ainsi: « lnfluence de l'utilisation de l'intelligence artificielle dans la détection, la surveillance, la localisation par fibres optiques des zones sensibles des réseaux de télécommunication des pays en voie de développement ».
Cette thèse a pour principal objectif de favoriser l'expansion des réseaux à fibres optiques au seins des pays en voie de développement de manière à faciliter l'implantation de l'internet dans un premier temps et de d’assurer une maintenance préventive visant à prévenir les apparitions des défaillances dans un second temps.
La recherche, bien que n'étant pas subventionnée dans notre contexte ne saurais être abandonnée car elle participe au développement d'un pays.
Les difficultés que nous rencontrons sont multiples dans nos travaux de recherche:
• Le manque d’appareils au laboratoire pour la manipulation de nos données.
• La difficulté d'avoir des encadreurs venant des pays occidentaux
• L'obtention de visas nous permettant de nous rendre en Europe ou ailleurs dans le monde pour faire un traitement analytique de nos données et confronter ainsi nos connaissances avec la communauté scientifique occidentale.
• le manque de subvention, l'accès à internet, des kits de recherche pour les manipulations des éléments toxiques, etc…
Malgré toutes ces difficultés, ma motivation ne faiblit pas. Le désir de faire avancer mon pays, très en retard sur le plan des télécommunications est bien plus fort que les difficultés que je rencontre.
Quel que soit le temps que cela prendra, j’y arriverai…
ELLA ONDOUA Jacques-Georges
Etudiant
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Je m’appelle ELLA ONDOUA Jacques-Georges, J’ai 30 ans. Je suis étudiant à l’Unité de Recherche et de formation doctorale science de l’ingénieur et application (URFD SIA) de l’école nationale supérieure polytechnique (ENSP) de l’université de Yaoundé I (Cameroun). Je suis titulaire d’un Master Recherche en génie mécanique de l’ENSP et d’un diplôme de professeur d’enseignement technique.
J’ai choisi de me lancer dans la recherche premièrement parce que je suis passionné par la conception, la création, et donc la recherche. Mes mémoires de fin d’étude ont porté sur la fabrication de machines d’essais mécaniques (flambage), ainsi que sur la conception d’une machine à écraser le cacao en fine poudre.
Je vois dans cette passion, une opportunité de participer à l’avancement technique et industriel de mon pays. Cette envie de changer les conditions de vie de la population me motive considérablement et me donne la force de continuer malgré les conditions difficiles dans lesquelles nous exerçons nos travaux de recherche.
Mes travaux de recherche portent sur l’extraction et la caractérisation mécanique des fibres d’ananas pour le renforcement des matériaux composites utilisés dans la construction. Mon sujet de thèse est le suivant : « Apport des mesures de champs par corrélation d’images pour les déformations homogènes : cas de la flexion trois points de structures en matériaux composites de fibres d’ananas».
L’absence de financement, le manque d’infrastructures et de matériels adéquats pour effectuer les essais, le manque de laboratoires fiables, ou quand ils existent sont soit incompatibles avec mes travaux (équipements obsolètes,…), soit hors de portée en terme de coût d’accès, me freinent considérablement.
Ce travail de recherche est très important pour moi dans la mesure où je souhaite créer une entreprise de conception et fabrication de pièces mécaniques en matériaux composites.
À la fin du cycle doctoral, je réaliserai peut être alors un de mes plus grands rêves qui est d’enseigner à l’université et d’aider aussi d’autres comme moi qui aspirent à atteindre ce même niveau.
Ce sera une fierté et un honneur pour ma famille, d’avoir enfin un universitaire, le tout premier. La joie de mon père serait indescriptible !